Cadeaux sous ordonnance : comment l'industrie pharmaceutique influence les prescriptions en France

On pourrait croire que les médecins français sont totalement indépendants dans leurs décisions de prescription. Et pourtant, une étude publiée dans le British Medical Journal en 2019 révèle une réalité dérangeante : les médecins généralistes qui reçoivent des avantages de l’industrie pharmaceutique prescrivent davantage… et moins bien.

Que dit l’étude ?

Plus de 41 000 médecins généralistes ont été suivis. Parmi eux, ceux ayant bénéficié d’invitations à des congrès, de repas, ou d’autres « avantages » de la part de laboratoires pharmaceutiques ont montré une tendance nette :

• Ils prescrivent plus de médicaments.

• Ils prescrivent des traitements plus chers.

• Ils utilisent moins de génériques, pourtant recommandés par les autorités de santé.

• Ils s’éloignent plus souvent des recommandations de la Haute Autorité de Santé.

(Source : Le Monde, 2019)

Mais les pharmaciens ne donnent-ils pas des génériques ? Des génériques parfois qui ne sont pas du même laboratoire.

Oui, en France, les pharmaciens peuvent substituer un médicament prescrit par son équivalent générique. Mais cette substitution n’est pas automatique :

• Le médecin peut la refuser en mentionnant « non substituable » sur l’ordonnance.

• Certains patients réclament le médicament de marque, influencés par la prescription initiale.

• Et dans de nombreux cas, le générique est d’un autre laboratoire, mais reste une décision influencée à l’origine par le prescripteur.

Pourquoi c’est problématique ? Doit on vraiment répondre à cette question après cette enquête ? Elle montre un vrai problème.

Ces « cadeaux » influencent l’indépendance du médecin. Ils créent un lien implicite entre la prescription et une attente, même inconsciente. Ce système alimente une médecine où l’intérêt commercial peut passer avant l’intérêt du patient. La transparence existe (via la base publique Transparence Santé), mais l’impact réel reste méconnu du grand public.